L'enfance d'Emrys, c'est une enfance somme toute assez banale. Papa dirige une entreprise et maman est cuisinière dans un restaurant plutôt réputé. Deux parents qui l'aiment, qui sont présents et plutôt « souples » en ce qui concerne son éducation et les punitions qu'ils lui infligeront, pourtant souvent. Il grandit bien, entouré, choyé, aimé, écouté, envié. Ainsi, les premières années de sa vie ne présentent pas réellement d'intérêt particulier pour quiconque souhaiterait le connaitre. Nous les passeront donc sous silence. Et si, pour quelque raison que ce soit, ces quelques années qui ne vous concernent absolument pas vous intéressent tout de même, sachez qu'il vous est possible de demander des informations, des explications. Mais qu'il est presque certain que vous n'obtiendrez aucune réponse. De toute façon vous ne manquez rien, soyez-en sûr. Et Emrys ne s'en souvient pas vraiment, il faut dire aussi...
La fin de cette vie fade, insipide, futile, monotone est signée par sa rencontre avec un petit garçon qui, alors, porte le même prénom que lui. Emrys. Emrys Bloomsberry. Alan, de son second prénom. Il ne tardera d'ailleurs pas à délaisser son premier prénom auquel il préférera le second. Question de praticité, entre autre.
Entre lui et Emrys, c'est simplement un coup de foudre amical. Dès leur première rencontre ils deviennent amis. Une amitié infantile c'est simple, c'est beau, c'est magique. Dès lors, ils ne se sépareront plus jamais.
La vie d'Emrys, dès le commencement de cette amitié, ressemblera beaucoup à celle de son ami. Ils ont grandit ensemble. Tout le temps l'un chez l'autre ou ailleurs, mais ensemble, toujours. Jamais Emrys ne s'est lassé d'Alan, jamais il n'a cessé de le découvrir, de le trouver intéressant, de l'aimer. Parfois, il le trouve trop envahissant, gamin ou encore possessif, mais même ça, ça ne le dérange pas réellement. Même s'il se plaint très souvent de son ami. C'est juste... comme ça.
A l'école, ça se passe plutôt bien. Emrys est intelligent, perspicace, logique. Il apprend vite et bien. Il n'a pas besoin de consacrer beaucoup de son temps à ses devoirs pour obtenir des notes très satisfaisantes. Ainsi, il passe beaucoup de son temps dehors, avec ses amis, avec Alan, avec des gens biens ou des personnes pas très fréquentables, selon les périodes qu'il traversent. Les professeurs sont contents de lui, le félicite, félicitent ses parents, l'encourage. Au début, les instituteurs voyaient d'un œil plutôt mauvais son amitié avec Alan, ils disaient que ce gamin allait l'entraîner vers le fond, devaient craindre qu'il se fasse manipuler. Seulement, dans ce duo, aucun des deux n'a jamais eu le main mise sur l'autre. Ils se respectent et s'estiment mutuellement, se complètent, s'entraident et n'ont jamais chercher à manipuler l'autre. A leur connaissance, du moins...
Emrys regarde beaucoup les informations. Il commence rapidement à s'intéresser à tout ce qui a trait au droit, à la justice. Il la trouve beaucoup trop imparfaite et décide, un soir, d'avoir sa place dans cette mécanique complexe. Il deviendrait avocat. Un des meilleurs, si ce n'est le meilleur. Et, contrairement à beaucoup d'autres, ce dont il rêve, lui, c'est de défendre ces petites gens sans grands moyens. Parce qu'eux aussi le mérite. Emrys est un jeune-garçon ambitieux et plutôt sur de lui, de ses choix. Il sait qu'il sera avocat, c'est tout. Même s'il ne veut pas non plus laisser de côté ses envies, sa jeunesse et toute ces fêtes -entre autres- qui, sans arrêt lui semble-t-il, le narguent.
Son entrée au collège se passe bien. Les deux premières années il sera dans la même classe qu'Alan mais, malheureusement, pas durant les autres années. Parce que, tous les deux « ce n'est simplement plus possible », selon bon nombre de professeurs. Ils sont toujours fichés ensemble, sont intenables, jamais l'un sans l'autre jusque dans leurs conneries. Cela déplait à beaucoup du corps professoral, accessoirement. Ils choquent, aussi. De par leur amitié, leur complicité, certains de leurs propos et de leurs comportements que l'ont peut aisément qualifier d'ambigus. Ils semblent ne même pas s'en rendre compte, pour le moment. Alors qu'ils en joueront, un peu plus tard...
Le lycée. Enfin... Plutôt, les lycées. Puisqu'il en fera deux. Il ne restera pas longtemps dans le premier établissement. Rien à voir avec lui. C'était plutôt à-cause d'Alan, qui fut viré rapidement. Après une discussion avec Alan et une autre avec ses parents, ces derniers acceptèrent de le changer, lui aussi, d'établissement. « Ce sera la seule fois », ajoutèrent-ils. Il acquiesça, suivit à nouveau son meilleur-ami. Puisque, après tout, c'était d'agir comme ça qu'être amis, non ? Cet ami, il le suivit dans chacune de ses idées, de ses envies, de ses suggestions stupides. Il passa avec lui les quarante-huit heures de garde à vue dont ils avaient écopés pour être entrés par effraction dans ce magasin et avoir fait mumuse dans la piscine à boules. Il avait tout d'abord essayer de dissuader Alan et puis il s'était dit que, de toute façon ils ne feraient rien de mal... Alors, après un hochement d'épaule il n'avait plus hésité. Il y a tant d'autre chose dans ce genre là à conter... Tellement. Mais, il ne faut pas en dire plus, cela pourrait donner quelques mauvaises idées aux lecteurs.
Le choix de l'université, il y réfléchisse tous les deux. Finalement, une retint leurs deux attentions. Et c'est bras-dessus, bras-dessous qu'ils y entrèrent. Emrys, comme on s'en doute, choisi de suivre des études de droit.
C'est à l'université qu'ils décident de se faire passer pour un couple, pour la première fois. Simplement parce que c'était drôle, d'entendre toutes ces moqueries, toutes ces choses et de capter tous les regards, mauvais. Mais, la majorité le sait, ils sont seulement amis. Meilleurs-amis. Très complices, mais rien d'autre. Même si Alan se plaît à crier qu'il est « sa petite-amie ». Ils sont connus pour l'ambiguïté de leurs propos l'un envers l'autre, pour cette complicité flagrante. Pour eux, personne n'est plus important que l'autre. Cette relation, trop fusionnelle, peut-être, a été et est toujours la cause de bon nombre de relations foirées. Et pour l'un et pour l'autre. Car, si jamais on vient à demander à Emrys de choisir entre Alan, son ami de toujours, et sa petite-amie du moment, relation si éphémère, il n'hésite pas. Il choisi Alan, bien sûr.
Maintenant, il vit en collocation avec Alan. Ils s'en sortent plutôt bien. Ils s'empruntent leurs vêtements, partagent leurs repas et même leur lit. Ils s'embrassent, échangent des clins d'œil, s'enlacent,... Des deux, Emrys est le plus mature, le plus sage et Alan est bien plus gamin, immature. Il le gère, parfois. Mais ça l'amuse, même s'il soutient le contraire.
Actuellement, il a une petite-amie. Mais rien de sérieux. Elle ne lui plaît pas vraiment, mais elle est... bien. C'est suffisant. Il n'en demande pas plus, pour le moment. Surtout que, depuis peu de temps, il se pose des questions quant à sa sexualité... Serait-ce Alan, qui le fait en douter ?