« Dépêche Alan ! Ca fait déjà vingt minutes qu’on aurait du sortir du centre commercial ! » Les yeux fixés sur Alan, je l’observai jeter, avec une lenteur exagérée, le Milk shake à la poubelle. La voix du haut-parleur avait annoncé la fermeture du centre depuis une bonne vingtaine de minutes et personne n’avait remarqué notre présence. Ce qui était tout à fait normal. Alan et moi avions l’habitude de nous installer dans un minuscule recoin plus ou moins caché par les plantes vertes artificielles. Ce coin, c’est Alan qui l’avait trouvé il y a quelques mois. Depuis, c’était en quelque sorte notre refuge une fois quelques boutiques faîtes. Personne ne pensait à venir y jeter un œil et aucune caméra de surveillance ne s’y trouvait. Début d’après midi, j’avais reçu un sms d’Alan me proposant une sortie shopping. J’avais de suite accepté. Pas pour le shopping mais pour Alan. On s’entendait très bien, nous étions amis. Enfin, si je puis dire…A peine arrivés au centre commercial qu’on s’était dirigé vers le magasin de musique. Pendant une bonne heure, nous avions écouté des CD de rock et j’en passe. La musique, ce n’était pas ce que je préférais au monde mais parfois, ça permettait de me changer les idées. Vint ensuite la tournée des boutiques de fringues et autres du style mais nous n’y passions pas plus de dix minutes à chaque fois. Des fringues, je n’en n’avais nullement besoin, j’en avais à revendre même.

Alan sortir du recoin et arriva à ma hauteur. Il n’y avait déjà plus aucune lumière dans le centre. Seule la lumière de la lune éclairait un peu les grandes allées. Encore heureux que ce centre possédait un toit avec des vitres. J’étais quasiment certaine que les portes d’entrées étaient fermées. Seulement, j’espérai au fon de moi-même qu’il restait une petite chance qu’elles soient encore ouvertes, que quelqu’un ait oublié de les fermer. Voilà ce qu’il arrive lorsqu’on écoute son mp3 caché aux yeux de tous, derrière des plantes : on ne remarque rien, on est dans sa petite bulle. Arrivée aux portes, Alan toujours derrière moi, je m’acharnai dessus dans l’espoir de les ouvrir, en vain. « Merde, merde et merde ! » Mauvaise, je donnais un coup de pied dans l’une des portes et le résultat fut une superbe douleur dans le pied. Je jetai un coup d’œil à Alan. Ce dernier avait un fin sourire sur les lèvres, comme s’il était amusé par la situation. « C’est pas drôle Alan ! On est coincé ici pour toute la nuit ! » Le regardant sérieusement, je ne pus m’empêcher, quelques secondes après, d’émettre un petit rire. Je m’éloignai des portes et allai m’assoir sur l’un des bancs de l’entrée. Jamais je n’aurai cru rester coincée dans un centre commercial toute une nuit. C’était bien la dernière chose qui pouvait m’arriver.